Ce troisième défi a une dimension surréaliste qui réclame, de la part des participants, une faculté d’imagination hors norme !
L’objectif consiste à écrire le dernier chapitre d’un livre qui n’existe pas et qui n’existera jamais !
Ce défi est plus complexe qu’il n’y paraît. Et il vous appartiendra, dans les limites de l’espace traditionnel que l’on s’attend à trouver dans le chapitre d’un livre, d’imaginer et d’écrire un dernier chapitre qui serait synonyme d’aboutissement, d’apothéose, de fulgurance finale !
L’objectif consiste à écrire le dernier chapitre d’un livre qui n’existe pas et qui n’existera jamais !
Ce défi est plus complexe qu’il n’y paraît. Et il vous appartiendra, dans les limites de l’espace traditionnel que l’on s’attend à trouver dans le chapitre d’un livre, d’imaginer et d’écrire un dernier chapitre qui serait synonyme d’aboutissement, d’apothéose, de fulgurance finale !
- FIN -
Les herbes sèches se plient devant moi. Cet été a transformé le moindre herbage en étoupe prête à s’enflammer. Les "cri-cris" des grillons et des cigales me font mal à la tête. Les sauterelles bondissent désespérément pour me fuir.
Ils sont là, je le sens !
Tout à l’heure j’ai vu leurs gros 4x4 et leurs longs fusils au service de cette partie de chasse dont je suis le gibier.
Le souffle me manque. Peut-être aurais-je dû faire plus de sport "avant" ? Avant, quand j’avais le sentiment d’être enfin accepté quelque part.
Instituteur !
Lorsque mes parents étaient dans le djebel, ça voulait dire quelque chose et ils m’ont transmis cette croyance. Je me suis battu, moi le fils de Harki, pour avoir mon bac et ne pas accepter mon destin tout tracé d’ "immigré-tourneur-chez-Renault-Flins".
Il faudrait que je fasse une pause, mais ils ne me laisseront pas me reposer. Tant pis pour le point de côté !
Lorsque j’étais à l’Ecole Normale, mes nuits, mes week-ends et mes vacances se passaient chez cet escroc du Sentier qui me sous-louait une chambre et me payait au quart du SMIC.
... Et je suis devenu "Monsieur l’instituteur".
Il a fallu que, pendant dix ans, je me farcisse les boulots les plus pourris des plus pourris des collèges dans les plus pourries des banlieues. Bien sûr, c’est une sorte de "bizutage" par lequel passent tous les nouveaux diplômés de l’Education Nationale, mais le fait d’être basané avec des cheveux crépus n’accélère pas la sortie de cette situation.
Et enfin !
Alors que je commençais à désespérer, j’ai reçu mon affectation dans une école primaire d’un village du fin-fond du centre de la France. Je ne me fais pas d’illusion, j’ai obtenu ce poste "par défaut", parce qu’aucun autre candidat à une mutation n’avait accepté de venir s’enterrer loin des boîtes de nuit et des supermarchés !
Mais moi, c’était mon rêve réalisé !
Et me voici, maintenant, à galoper de prairies en bosquets et de maquis en forêts dans cette région qu’en quinze ans j’ai appris à connaitre et à aimer. J’y ai même animé des classes de découvertes où j’amenai mes élèves visiter les peintures rupestres dans les grottes, ou alors, à la cueillette des fleurs (le principe de précaution interdisait déjà de ramasser des champignons) ou de fruits (uniquement cerises, pommes et poires).
Et c’est ainsi, qu’à défaut d’être aimé par la majorité des habitants, je fus toléré. Petit à petit, le "bougnoule"a trouvé une petite place dans la communauté villageoise.
Et cette petite Nicole ! Dix ans, blonde, des joues roses et de si jolies fossettes lorsqu’elle souriait. Elle n’était pas dans ma classe, mais je la connaissais, de vue, comme tout le monde connaît tout le monde dans un petit village de campagne.
J’entends des chiens qui aboient derrière moi, là-bas, au fond de la vallée !
Je revois en pensée ce film avec un géant noir évadé de la plantation où il était esclave, ... il me semble que ça ne se terminait pas très bien pour lui.
Partout où je regarde, une succession de collines plus ou moins boisées. Une, deux, une deux ! Sous ce soleil de plomb, je ne suis qu’une machine à avancer. Je ne dois penser et n’être que ça. Le terrain devient caillouteux, le sol sous mes pas est constitué d’une multitude de petits galets ronds et instables. Je cours maintenant dans un couloir dont les bords se relèvent très vite. Je dois être dans un torrent asséché. Peut-être pourrais-je ainsi échapper à le vue de mes poursuivants et les tromper. Albert, le beau-père de la petite Nicole est le président de la société de chasse et, depuis que j’ai retrouvé le cadavre de la petite, il n’arrête pas de répandre des rumeurs comme quoi, ce ne peut être qu’un "arabe" qui ait fait ça. comme - que mes ancêtres Berbères aient pitié - je suis le seul "arabe" vivant à cent kilomètres à le ronde, je suis le bouc émissaire tout désigné. C’est ainsi qu’il s’est auto-promu "chef " de cette bande d’excités qu’il a réussi à convaincre de le suivre dans cette "chasse au raton". Il faut croire que le Albert et sa bande n’ont pas fini leur guerre d’Algérie. En plus, ça tombe bien : les fanas du fusil commençaient à s’ennuyer ferme et ce n’est pas encore l’ouverture de la chasse à la palombe.
Est-ce ma faute si c’est moi qui l’ai trouvée la petiote ?
Elle flottait sur le ventre dans une petite mare que les gamins du village appellent leur "piscine". Je l’ai tiré hors de l’eau,lui ai fait le bouche-à-bouche, et voilà que l’autre Nemrod déboule en cherchant sa belle-fille. Il me casse la gueule en me promettant de me tuer jusqu’à ce que ses collègues de bar l’entraînent vers le village pour chercher du secours. Depuis presque trente-six heures maintenant, je fuis, connaissant la justice expéditive à laquelle aspire Albert.
Je débouche sur un plateau.
Les hurlements des chiens se rapprochent.
L’odeur de ma sueur me semble soudain plus âcre.
Mon souffle se perd. Mes jambes tremblent de peur et de fatigue.
Débouchant de deux voies forestières sur ma droite et sur ma gauche, se resserant comme les mâchoires d’une tenaille, deux 4x4 chargés d’hommes en armes tentent de me coincer.. A quelques mètres derrière moi, les cris des chiens se transforment en grognements alors que leurs maîtres tentent de détacher les mousquetons de leurs laisses.
"Yemma"(*), ton fils est traité comme une bête féroce, mais je te jure que je suis innocent !
J’ai peur !
De tous les cauchemars que j’ai eu, le pire est celui où je me voyais dévoré par des fauves dans les arènes romaines.
Je me retourne, les chiens prennent leur élan.
Je fuis, je bondis dans ce buisson devant moi, ... et je tombe !
Ils sont là, je le sens !
Tout à l’heure j’ai vu leurs gros 4x4 et leurs longs fusils au service de cette partie de chasse dont je suis le gibier.
Le souffle me manque. Peut-être aurais-je dû faire plus de sport "avant" ? Avant, quand j’avais le sentiment d’être enfin accepté quelque part.
Instituteur !
Lorsque mes parents étaient dans le djebel, ça voulait dire quelque chose et ils m’ont transmis cette croyance. Je me suis battu, moi le fils de Harki, pour avoir mon bac et ne pas accepter mon destin tout tracé d’ "immigré-tourneur-chez-Renault-Flins".
Il faudrait que je fasse une pause, mais ils ne me laisseront pas me reposer. Tant pis pour le point de côté !
Lorsque j’étais à l’Ecole Normale, mes nuits, mes week-ends et mes vacances se passaient chez cet escroc du Sentier qui me sous-louait une chambre et me payait au quart du SMIC.
... Et je suis devenu "Monsieur l’instituteur".
Il a fallu que, pendant dix ans, je me farcisse les boulots les plus pourris des plus pourris des collèges dans les plus pourries des banlieues. Bien sûr, c’est une sorte de "bizutage" par lequel passent tous les nouveaux diplômés de l’Education Nationale, mais le fait d’être basané avec des cheveux crépus n’accélère pas la sortie de cette situation.
Et enfin !
Alors que je commençais à désespérer, j’ai reçu mon affectation dans une école primaire d’un village du fin-fond du centre de la France. Je ne me fais pas d’illusion, j’ai obtenu ce poste "par défaut", parce qu’aucun autre candidat à une mutation n’avait accepté de venir s’enterrer loin des boîtes de nuit et des supermarchés !
Mais moi, c’était mon rêve réalisé !
Et me voici, maintenant, à galoper de prairies en bosquets et de maquis en forêts dans cette région qu’en quinze ans j’ai appris à connaitre et à aimer. J’y ai même animé des classes de découvertes où j’amenai mes élèves visiter les peintures rupestres dans les grottes, ou alors, à la cueillette des fleurs (le principe de précaution interdisait déjà de ramasser des champignons) ou de fruits (uniquement cerises, pommes et poires).
Et c’est ainsi, qu’à défaut d’être aimé par la majorité des habitants, je fus toléré. Petit à petit, le "bougnoule"a trouvé une petite place dans la communauté villageoise.
Et cette petite Nicole ! Dix ans, blonde, des joues roses et de si jolies fossettes lorsqu’elle souriait. Elle n’était pas dans ma classe, mais je la connaissais, de vue, comme tout le monde connaît tout le monde dans un petit village de campagne.
J’entends des chiens qui aboient derrière moi, là-bas, au fond de la vallée !
Je revois en pensée ce film avec un géant noir évadé de la plantation où il était esclave, ... il me semble que ça ne se terminait pas très bien pour lui.
Partout où je regarde, une succession de collines plus ou moins boisées. Une, deux, une deux ! Sous ce soleil de plomb, je ne suis qu’une machine à avancer. Je ne dois penser et n’être que ça. Le terrain devient caillouteux, le sol sous mes pas est constitué d’une multitude de petits galets ronds et instables. Je cours maintenant dans un couloir dont les bords se relèvent très vite. Je dois être dans un torrent asséché. Peut-être pourrais-je ainsi échapper à le vue de mes poursuivants et les tromper. Albert, le beau-père de la petite Nicole est le président de la société de chasse et, depuis que j’ai retrouvé le cadavre de la petite, il n’arrête pas de répandre des rumeurs comme quoi, ce ne peut être qu’un "arabe" qui ait fait ça. comme - que mes ancêtres Berbères aient pitié - je suis le seul "arabe" vivant à cent kilomètres à le ronde, je suis le bouc émissaire tout désigné. C’est ainsi qu’il s’est auto-promu "chef " de cette bande d’excités qu’il a réussi à convaincre de le suivre dans cette "chasse au raton". Il faut croire que le Albert et sa bande n’ont pas fini leur guerre d’Algérie. En plus, ça tombe bien : les fanas du fusil commençaient à s’ennuyer ferme et ce n’est pas encore l’ouverture de la chasse à la palombe.
Est-ce ma faute si c’est moi qui l’ai trouvée la petiote ?
Elle flottait sur le ventre dans une petite mare que les gamins du village appellent leur "piscine". Je l’ai tiré hors de l’eau,lui ai fait le bouche-à-bouche, et voilà que l’autre Nemrod déboule en cherchant sa belle-fille. Il me casse la gueule en me promettant de me tuer jusqu’à ce que ses collègues de bar l’entraînent vers le village pour chercher du secours. Depuis presque trente-six heures maintenant, je fuis, connaissant la justice expéditive à laquelle aspire Albert.
Je débouche sur un plateau.
Les hurlements des chiens se rapprochent.
L’odeur de ma sueur me semble soudain plus âcre.
Mon souffle se perd. Mes jambes tremblent de peur et de fatigue.
Débouchant de deux voies forestières sur ma droite et sur ma gauche, se resserant comme les mâchoires d’une tenaille, deux 4x4 chargés d’hommes en armes tentent de me coincer.. A quelques mètres derrière moi, les cris des chiens se transforment en grognements alors que leurs maîtres tentent de détacher les mousquetons de leurs laisses.
"Yemma"(*), ton fils est traité comme une bête féroce, mais je te jure que je suis innocent !
J’ai peur !
De tous les cauchemars que j’ai eu, le pire est celui où je me voyais dévoré par des fauves dans les arènes romaines.
Je me retourne, les chiens prennent leur élan.
Je fuis, je bondis dans ce buisson devant moi, ... et je tombe !
" ... accident ou suicide ? ... notre correspondant local vient de nous appeler pour nous faire part du décès d’un des maîtres de l’école où une petite fille venait de trouver la mort en sautant d’un rocher dans une mare presque asséchée. Monsieur Mohamed Duval, instituteur honorablement connu dans le village, quoique n’étant pas le professeur de la petite semblait très affecté par cet événement. Un groupe de chasseurs qui préparait sa saison de chasse a assisté au drame sans pouvoir l’empêcher. Il leur a semblé que l’instituteur a effectué volontairement le saut qui entraîna sa chute mortelle d’une centaine de mètres depuis la plate-forme appelée "le saut du loup".
... et maintenant, une page de publicité ..."
(*) Yemma = Maman en langue berbère
Texte soumis à un concours. vous pouvez me soutenir en votant http://www.academiebalzac.fr/defi243.html
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