dimanche 20 mai 2012

Pour un nouveau contrat social


un article de Bertrand Laverdure dans http://techniciencoiffeur.blogvie.com/


L’économie de marché veut que l’on coure. C’est bien important.
L’économie globalisée veut que nous soyons des souris dans une roue qui courent à en perdre haleine pour atteindre le progrès qui recule sans cesse. Les besoins locaux, les besoins sociaux, le bien commun n’ont plus leur place dans un système qui souhaite que nous concurrencions toute la planète.
L’économie de marché s’offusque que nous ne soyons pas déjà des machines performantes à adaptation rapide et continue, sans autre fonction que d’écraser la concurrence et de produire indéfiniment de la richesse. 


Nous le savons tous, les gouvernements antidémocratiques de droite, comme celui de Jean Charest, n’aiment pas les temps d’arrêt. Car ces moments sont faits pour penser et penser est contreproductif. Entraver la roue dans laquelle tout le monde s’époumone à générer de la richesse pour des salaires de plus en plus bas et des fonds de retraite de moins en moins garnis (pour les chanceux qui ont la possibilité d’envisager la retraite avec un certain optimisme, la majorité d’entre nous devront se transformer en fourmi ou apprendre à vivre dans la pauvreté passée 67 ans) est un crime de lèse-marché qui mérite une punition formidable. L’imposition de la loi 78 est un exemple probant de tentative d’enrayer le mouvement étudiant qui pense en marchant, nous offre ce temps d’arrêt de réflexion sociale, bénéfique pour tous.
Depuis maintenant quatorze semaines, presque cent jours, les étudiants et leurs sympathisants marchent dans la rue, nous enseigne l’économie du marcheur.
 Une économie qui recherche d’abord et avant tout à satisfaire le bien commun, à reconnaître l’humanité de tous, à la considérer, à la valoriser, à la défendre. Une économie qui demande qu’on écoute le peuple, qu’on branche notre futur sur ses besoins et non sur ceux d’une oligarchie financière, d’une aristocratie politicoénergétique qui n’en a que faire.
L’économie du marcheur relate l’histoire de la non-violence, d’un ras-le-bol social qui prend la rue pour réclamer la pleine légitimité du peuple à déterminer les prochaines politiques gouvernementales, les politiques qui auront un impact sur sa vie, la vie de ses enfants, l’avenir de l’environnement.
Un marcheur déterminé a la patience des chênes. Il sait que tôt ou tard, la justice sociale aura pignon sur rue, regagnera son siège au gouvernement. Plus tortue que lièvre méprisant et goguenard, il sait que la fable lui donne raison, que le pouvoir appartient à ceux qui voient clairs et pensent à la multitude, que les gouvernements du secret, des arnaques et du brouillard social sont condamnés à la mort à court terme.
Depuis quatorze semaines la rue appartient aux marcheurs, ils le crient, ils le clament.
L’économie du marcheur est une voie plus lente, moins austère, moins robotique. L’être humain y est perçu comme un tout complexe, une maison avec plusieurs portes de sens à ne pas claquer sans raison.
La rue est la veine par où le commerce transite, l’artère par où la classe moyenne aliénée par ses frustrations et ses dettes circule le jour pour aller à son travail, rencontrer ses obligations. Le soir, la rue change de main, les économistes marcheurs la revendiquent,  écrivent des traités d’économie socialement responsable avec chacun de leur pas, chacune de leur foulée.
Vous avez bien remarqué que je ne parle plus de frais de scolarité. Il va s’en dire que nous militons toujours contre la hausse de ces frais, que nous croyons toujours à une université gratuite, accessible à tous.
Mais nous avons franchi depuis quelque temps la frontière de cette unique revendication.
Devant l’abus de pouvoir insolent de cette loi 78, nous réclamons une révision complète du contrat social, une relecture du lien que l’état entretient avec les transnationales, les minières et les pouvoirs interlopes qui, en s’acoquinant avec le gouvernement en place, ruinent la destinée du peuple.
Le conflit étudiant dégénère maintenant en conflit national.
Vivement une grève générale illimitée de tous les syndicats.
Vivement une nouvelle constitution mettant de l’avant cette formidable énergie renouvelable et durable de l’économie du marcheur.

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