dimanche 26 mai 2013

Les bonnes !

Un certain nombre d'entre vous sait que je vais jouer dans 
"Les Bonnes" de Jean Genet (*), 
mis en scène par Michel Pouvreau. 


Cette pièce est l'illustration de la frustration et de la révolte d'un "petit personnel" devant l'attitude méprisante et désinvolte de "Madame". 

Cette rage a toujours ses raisons d'être !

Il suffit de lire cet article de Quandisha 


pour s'apercevoir que rien n'a vraiment changé depuis Jean Genet.



Le vrai nom des petites bonnes

Quel est le vrai nom de celles qu’on appelle petites bonnes ?
De ces fillettes. Elles peuvent avoir huit ans, et se voir confiées à de bonnes familles, ces employeurs qui promettent qu’ils s’en occuperont bien, de ces petits corps féminins. Corvéables, sans merci…

Des fillettes, qui n’iront jamais l’école, n’apprendront pas à lire, à écrire leur nom sur une ardoise. A dessiner un soleil. Ne sauront jamais ce qu’est une récréation… Des fillettes de huit, neuf, dix ans, levées à six heures, debout avant les enfants de la maison. Car il faut, à ses enfants-là, qui possèdent une enfance, préparer le petit déjeuner. Après, on passera la serpillère, on fera les lits et la poussière…

Alors, quel est le nom de ces petites bonnes, vendues par la campagne à la ville, que leurs parents croient tirer de la pauvreté en les confiant à la misère, celle de misérables intermédiaires, praticiens horribles d’un deux métiers les plus vieux du monde…  Celui d’un autre, d’un second commerce des corps.

Celui qui consiste à vendre de la peine et de la sueur de gosse, à être un commerçant, encore trop impuni, de l’inhumanité, être le maillon encore trop fort, de la chaine du travail des enfants dont on fait des domestiques… Et pas seulement… Que dire d’enfants autorisés à ne manger que deux fois par jour.  A sept heures. A minuit. Mais à la seule condition que le travail soit fini.

Que dire d’enfants qui acceptent les coups en silence, n’en disent rien parce qu’il faut se taire, si l’on veut aider les parents, trop pauvres, et n’ayant pas les moyens, ni le cœur à se voir encore asséner une énième vérité sur l’état de leur pauvreté…

Que penser, enfin, de ces petites, qui disent que travailler n’est rien, et que le plus dur, c’est la faim, et les coups ! Qu’être bonne, au fond, et c’est bien là le drame, c’est supportable, finalement, presque pas grave, à condition d’être à peu près nourri. Et pas trop battu. Il ne manquerait plus qu’elles demandent à ne pas être violées, ou tuées. Il arrive que des fillettes le soient, violées, brûlées.

Alors, quel est le nom de ces petites filles qui, dès les premiers rayons du soleil, acceptent, prennent sur leur petites épaules de n’être plus des enfants ? Ce nom est celui de la pauvreté extrême, lorsqu’elle rencontre l’inhumanité cynique et impunie d’horribles profiteurs. Mais il est aussi, et surtout, le nom d’une haine sans nom pour les pauvres. Et leurs enfants.

Driss C. Jaydane, écrivain et chroniqueur à Luxe radio 



















(*) le 5 Juin, matinée et soirée, à "la centrifugeuse" à Pau.

4 commentaires:

  1. Ces bobonnes là sont très talentueuses!

    RépondreSupprimer
  2. jean Genet est un des meilleurs mais pas toujours facile à suivre

    RépondreSupprimer
  3. on y sera !
    ne serait-ce que pour toutes ces "petites bonnes"...
    et pour vous, les acteurs,
    pour l'amour du théâtre aussi, pour cette rencontre unique de quelques instants fugaces et qui pourtant restent en nous et souvent nous grandissent.
    bref, bravo d'avance et merci
    ..... merci à vous, troupe de " petits vieux " qui avez bien du mérite, à votre âge, de faire les zigotos sur scène !
    bizzzz

    RépondreSupprimer
  4. Magnificent goods from you, man. I have understand your stuff previous to and you
    are just too great. I actually like what you have acquired here,
    certainly like what you're saying and the way in which you say it. You make it enjoyable and you still take care of to keep it smart. I can't
    wait to read much more from you. This is really a wonderful web site.


    Feel free to surf to my web blog - Read This

    RépondreSupprimer